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Gilles Simeoni : « Les réponses d’Edouard Philippe ne sont à la hauteur, ni des attentes, ni des enjeux »
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Gilles Simeoni : « Les réponses d’Edouard Philippe ne sont à la hauteur, ni des attentes, ni des enjeux »


Calvi

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Le 23 Janvier 2018


- Comment s’est passé ce premier entretien avec Edouard Philippe ?
- Comme une première prise de contact ! Ce fut l’occasion, pour nous, de dire directement, de vive voix, qui nous sommes, ce que nous sommes, ce que nous voulons et ce pourquoi nous avons été mandatés par le suffrage universel. Nous avons rappelé le fil historique du combat qui nous porte, puis réaffirmé nos fondamentaux avant de décliner tous les sujets. Nous avons commencé par la nécessité d’une affirmation claire et forte, par le gouvernement et l’Etat, de la reconnaissance de la situation politique radicalement nouvelle qui impose un dialogue fondamentalement politique. Le Premier ministre a reconnu cette situation nouvelle sans pour autant en tirer les conséquences. Il n’a pas pris l’engagement, que nous attendions, d’une affirmation forte et publique de sa volonté d’engager un dialogue à la hauteur des enjeux.

- Avez-vous discuté de l’annonce ministérielle concernant l’inscription de la Corse dans la Constitution ?
- Oui ! Nous avons parlé de la révision constitutionnelle et de la nécessité d’inclure dans la Constitution une référence spécifique à la Corse en appuyant sur le fait qu’elle devait être de nature à permettre ensuite des avancées significatives, - y compris dans des domaines bloquants comme peuvent l’être, aujourd’hui, le statut de coofficialité de la langue corse et le statut de résident - en plaçant le curseur au bon niveau pour aller vers un véritable statut d’autonomie. Le Premier ministre n’a pas fermé la porte à cette demande, mais a insisté, comme l’ont fait ses prédécesseurs, sur les difficultés à réunir une majorité des 3/5ème et sur les incertitudes qui pèsent, de façon générale, sur le projet de révision constitutionnelle.

- A-t-il clarifié le contenu ?
- Non ! Il a refusé de répondre clairement à la question que je lui ai posée : « Etes-vous prêts à vous engager sur une véritable reconnaissance spécifique de la Corse, et pas seulement sur une simple inclusion de la Corse dans le champ du droit à la différenciation, droit qui va être reconnu au bénéfice de toutes les régions ? ». De ce côté-là encore, pas de fermeture définitive, mais pas d’engagement non plus !

- Comment Edouard Philippe a-t-il reçu la revendication d’un statut d’autonomie ? C’est un marqueur important…
- J’ai rappelé que nous avions été élus sur un programme politique clair, y compris au plan institutionnel, notamment la construction d’un statut d’autonomie de plein exercice et de plein droit, incluant le transfert à la Collectivité de Corse d’un pouvoir législatif dans un certain nombre de domaines. Nous lui avons demandé si, indépendamment du processus institutionnel à engager et à mettre en œuvre, il acceptait d’inclure, dans le champ du dialogue, la notion et le projet d’autonomie qui font l’objet d’un très large consensus en Corse, y compris, d’ailleurs, chez des forces politiques proches du gouvernement. De ce côté-là aussi, la réponse a été évasive ! Le Premier ministre a dit qu’il n’était pas fermé à la discussion, mais que ce qui comptait, c’était le contenu de ce statut d’autonomie, indépendamment du terme, et qu’il faudrait, donc, en discuter dans les prochaines réunions.

- L’amnistie des prisonniers politiques reste-t-elle un épineux point d’achoppement ?
- Oui ! Le Premier ministre s’est contenté de confirmer que le rapprochement serait mis en œuvre conformément à la loi. Sans pour autant, suite à nos demandes, affirmer explicitement que personne ne serait exclu de ce rapprochement. Autrement dit, aucune réponse n’a été donnée et aucun engagement n’a été pris concernant les trois personnes qui restent emprisonnées au titre de l’affaire Erignac. De ce côté-là aussi, une attitude en retrait par rapport à nos demandes ! De façon générale concernant les engagements pris par les précédents gouvernements, il a répondu que des précisions viendraient ultérieurement et qu’il fallait attendre la prise de parole publique du Président de la République, prévue le 6 février en Corse.

- Avez-vous eu d’autres demandes concrètes ?
- Oui ! Indépendamment de ces fondamentaux, nous avons plaidé sur un certain nombre de domaines et de champs d’action concrets concernant, par exemple, la santé publique, le statut fiscal, le système éducatif dérogatoire, le soutien aux entreprises… Concernant l’importante question de la santé et les difficultés auxquelles les structures publiques, notamment les hôpitaux de Bastia et de Castellucciu, ont été confrontées ces derniers mois, nous avons rappelé le vote à l’unanimité de l’Assemblée de Corse, en juillet dernier, demandant un PEI (Plan exceptionnel d’investissements) en faveur de la santé. Nous avons également martelé l’importance de construire un véritable statut fiscal et social en concertation avec l’ensemble des forces vives. Enfin, nous avons insisté sur l’éducation et le vote de l’Assemblée de Corse concernant le projet, présenté par le Conseil exécutif, relatif à un système éducatif spécifique à la Corse.

- Qu’a répondu le Premier ministre ?
- Sur ces trois points-là, il a pris acte de nos demandes et répondu qu’elles feraient l’objet d’une proposition de méthode et d’un calendrier de travail. Les seuls points sur lesquels il a accepté d’acter un engagement de principe, c’est, d’une part, sur un nouveau PEI global qui viendrait prendre la suite du PEI initial à l’expiration de celui-ci. D’autre part, la mise en œuvre de mesures techniques et financières d’accompagnement à la mise en place de la nouvelle Collectivité de Corse. Par exemple, des moyens supplémentaires en termes de ressources financières, humaines et d’ingénierie.

- Au final, la récolte est bien maigre ! Vous n’avez même rien obtenu… ?
- Il est certain que nous n’avons pas obtenu grand chose, pour ne pas dire rien ! Il n’y a pas eu de prise de position forte du gouvernement sur nos demandes. Les réponses apportées par Edouard Philippe ne sont, pour l’instant, pas à la hauteur, ni de nos attentes, ni de ce que nous considérons être des enjeux historiques. Il ne s’est engagé sur rien, il s’est contenté d’enregistrer nos demandes et de ne pas fermer la porte à un certain nombre d’entre elles, en se disant prêt à engager un dialogue et à définir une méthode. Il a différé la prise de position politique globale du gouvernement en nous renvoyant à celle du Président de la République, le 6 février. Il reste sur une position d’attente…

- Votre agenda parisien est chargé pendant ces deux prochains jours. Qu’attendez-vous de vos rencontres avec les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale ?
- La rencontre, mardi après-midi, avec le président Gérard Larcher est importante parce que le Sénat a un rôle décisif dans la construction de la majorité des 3/5ème indispensable pour procéder à une révision constitutionnelle. Le Sénat étant l’institution qui représente les territoires et les collectivités locales, il est d’autant plus essentiel de tenter de convaincre son président de la pertinence de notre cheminement et de nos demandes. L’Assemblée nationale est, également, un acteur majeur de la vie politique française en général et du processus de révision constitutionnelle. Son président, François De Rugy, est connu pour sa sensibilité décentralisatrice forte. Il a toujours été attentif à la situation en Corse.

Propos recueillis par Nicole MARI.

Un agenda parisien chargé

Après la réunion, lundi après-midi, avec le Premier ministre, les deux présidents corses rencontreront, mardi à 15 heures, le président du Sénat, Gérard Larcher, et, mercredi, le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, en marge de l’Assemblée générale de l’Association des régions de France.

 



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