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Bruno Le Maire : « Je ne viens pas avec des solutions toutes faites, mais pour écouter les Corses »
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Bruno Le Maire : « Je ne viens pas avec des solutions toutes faites, mais pour écouter les Corses »


Calvi

Par

Le 05 Juin 2018


- Quelles sont les raisons de votre visite en Corse ?
- Je suis venu en Corse à la suite de la visite du président de la République qui avait dit qu’il donnerait le temps au gouvernement d’écouter les Corses, chacun dans son domaine de compétence, pour voir comment améliorer la situation. Je suis responsable de l’économie. Je considère que l’économie corse est en train de redresser la tête. Elle obtient des résultats, notamment sur le front de l’emploi, qui sont encourageants. Les Corses ne le doivent qu’à eux-mêmes, à leur travail, au travail de leurs entrepreneurs, de leurs PME, de leurs agriculteurs, de leurs commerçants, de leurs artisans… Maintenant, il faut amplifier cette mécanique.

- Comment ?
- Il faut regarder chacune des propositions qui peuvent être faites pour améliorer la situation économique corse. Je ne viens pas avec des solutions toutes faites ! Je viens pour écouter les Corses, entendre ce que les entrepreneurs, les élus, les commerçants, les agriculteurs… ont à me dire et voir quelles solutions nous pouvons apporter. Les problèmes, on les connaît. Ils sont liés à l’insularité, au coût de la vie, au coût des matières premières, aux difficultés de transport, au manque d’infrastructures, au prix de l’essence… Je veux qu’on regarde chaque problème en prenant le temps nécessaire pour examiner toutes les solutions qui peuvent être efficaces.

- Dans quels domaines par exemple ?
- Beaucoup de solutions me sont proposées dans le domaine de la fiscalité. Pourquoi pas ! Pourquoi pas améliorer la fiscalité pour permettre le développement de l’économie corse dans les meilleures conditions possibles ? Egalement les questions d’infrastructures qu’on va regarder de très près. Il y a des difficultés particulières à surmonter dans le domaine de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme : des problèmes de recrutement, de qualification, d’extension de la durée de la saison touristique. Je suis prêt, là aussi, à regarder toutes les propositions qu’on me fera.

- Etes-vous favorable à une zone fiscale prioritaire de montagne ou à un statut fiscal ?
- La Corse est une île-montagne, donc tenir compte des spécificités de la montagne, c’est important ! La Corse bénéficie déjà de beaucoup d’avantages fiscaux. Peut-on les améliorer ? Il faut regarder tout ce qui permettra à tout le territoire corse de profiter du développement économique. Je viens ici dans un état d’esprit très ouvert et d’écoute pour pouvoir, ensuite, définir les meilleures solutions. Je suis favorable à tout ce qui permettra de créer plus d’emplois et plus d’activités.

- Vous connaissez bien le monde agricole. Pourquoi débuter votre visite par un domaine viticole à Patrimoniu ?
- J’ai été trois ans ministre de l’agriculture. C’est pour cela que j’ai tenu à me rendre sur un domaine viticole. Je considère que l’agriculture est l’un des points forts de l’économie corse, en ayant su miser sur les produits de qualité, à haute valeur ajoutée, avec des filières bien structurées et de l’exportation. J’ai vu comment, depuis une dizaine d’années, la viticulture a fait, en Corse, ces mêmes bons choix et ça marche ! Il y a aussi dans les autres filières agricoles des réussites exceptionnelles ! Je rappelle que je me suis engagé à créer des AOP corses qui ont été créées, ont donné des résultats, ont valorisé des produits agricoles corses et ont permis de structurer certaines filières. Toujours avec la même méthode qui consiste à venir en Corse, à écouter des agriculteurs corses, à retenir leurs solutions et à avancer ensemble, main dans la main. Je ferai la même chose pour l’économie corse. C’est en travaillant avec les entrepreneurs, les élus et les Chambres de commerce que nous pourrons avancer dans un esprit de dialogue et sur la base d’un partenariat.

- Les vignerons ont évoqué notamment la difficulté de transmission des entreprises agricoles et ont demandé une baisse des droits. Que leur répondez-vous ?
- J'y suis favorable. On doit favoriser la transmission des exploitations agricoles, comme d’ailleurs la transmission familiale des entreprises industrielles. Nous avons ouvert avec Stéphane Travert tout un travail sur la fiscalité agricole dans lequel il y a la question de la transmission agricole, mais aussi la question de l’assurance climatique parce qu’il faut sortir du système actuel qui ne marche pas et donner aux agriculteurs une vraie capacité d’assurance face aux risques climatiques. Je suis favorable à tout ce qui permettra de mieux transmettre le patrimoine et de garantir le développement d’une économie familiale pour éviter qu’on ne vende le capital à chaque succession. Je crois à un capitalisme familial, c’est vrai aussi dans le domaine agricole. Nous avons besoin d’entreprises industrielles et agricoles familiales parce qu'elles assurent la solidité et se transmettent de génération en génération. Il faut bien avoir conscience que si les droits de succession sont trop élevés et trop pénalisants, ce sont les fonds de pension qui récupèrent les entreprises. Ce n’est pas notre objectif.

- Vous avez rencontré les acteurs du numérique. Comment développer des start-ups en Corse ?
- Je veux saluer le dynamisme de l’entrepreneuriat corse dans tous les domaines. J’ai déjeuné avec un certain nombre de représentants de start-up. On voit se développer une intéressante filière qui se joue des frontières puisque, par définition, elle n’a pas besoin d’infrastructures particulières, sauf des infrastructures numériques. La Corse a tous les atouts pour attirer des start-up. Elle a commencé à le faire. Nous voulons désormais les aider à se développer en déployant la fibre optique de manière encore plus volontariste. Nous mettrons 30 à 40 millions € de plus et nous étudierons des possibilités qui m’ont été présentées par ces start-up et qui me paraissent intéressantes. Par exemple, celle de porter le crédit impôt-recherche de 30% à 50%. Au vu des handicaps que connaît la Corse, pourquoi pas ! Tout ce qui permettra de créer des emplois et de l’activité pour les Corses aura mon soutien.


- L’économie corse est composée à 90% de TPE qui sont en butte à des difficultés. Le Plan d’action que vous projetez intègrera-t-il les spécificités corses ?
- Le projet de loi, que je vais présenter au Conseil des ministres, le 18 ou le 20 juin, vise justement à aider les TPE et les PME à grandir et à se développer. Je considère que TPE et PME sont le cœur battant de notre économie nationale, mais qu’elles sont confrontées à des difficultés considérables. Elles ont des règles et des normes trop lourdes, des seuils trop contraignants, des difficultés financières importantes, des problèmes de financement parfois insurmontables pour les TPE, des problèmes de financement bancaire, d’accès au crédit… Mon projet de loi a vocation à régler toutes ces difficultés, à faciliter la vie des TPE et des PME pour qu’elles puissent grandir. Quand vous êtes trop petits, que vous n’avez pas les reins suffisamment solides, à la moindre difficulté économique, vous vous retrouvez en grande difficulté financière et salariale. On vous dit qu’il y a des marchés extérieurs formidables, en forte croissance, mais vous ne pouvez pas y aller : vous êtes trop petits pour exporter, pour aller chercher la valeur là où elle se trouve. L’objectif premier de mon projet de loi est de faire grandir notre tissu économique pour qu’il soit plus solide, plus résistant aux crises et qu’il crée plus d’emplois. Cela vaut pour la métropole, comme pour la Corse.

- Comptez-vous travailler avec la Collectivité de Corse ou serez-vous un simple ordonnateur ?
- Il n’est pas question d’être simple ordonnateur ! Cela ne peut fonctionner que si nous nous écoutons mutuellement, si nous dialoguons. Je veux travailler avec la Collectivité de Corse, cela va de soi ! Je vais écouter les propositions que les élus ont à me faire. Ils connaissent le territoire mieux que personne. C’est en venant écouter ceux qui habitent le territoire qu’on trouve les bonnes solutions. Je ne vais pas arriver ici en vous disant du haut de mon ministère de l’économie et des finances : voilà les bonnes solutions pour la Corse ! Ce n’est pas comme cela qu’on procède et qu’on a de bons résultats, mais en allant sur le terrain, dans cette île que je connais depuis plus de 30 ans et où je me suis rendu un nombre de fois incalculable et, à chaque fois, avec beaucoup de plaisir et beaucoup d’honneur. Je connais beaucoup d’acteurs de l’économie corse, je sais à peu près ce qu’ils ont à me dire, mais je vais écouter encore plus attentivement ce qu’ils ont à me dire et leurs idées. Ensuite, le Premier ministre rassemblera toutes les propositions de ses ministres et apportera ses conclusions et ses décisions, mais sur la base de ce diagnostic dont je souhaite qu’il soit fait avec les acteurs de l’économie corse.

- Certes, vous venez, vous écoutez, mais vous n’entendez pas ! Jusqu’à présent le gouvernement n’a pas entendu la Corse, ni sur la réforme institutionnelle, ni sur le statut fiscal…
- Ce n’est pas vrai ! Je conteste totalement cette analyse ! Nous écoutons, nous entendons et, ensuite, nous prendrons des décisions avec les Corses. C’est comme ça que je conçois la mission qui m’a été confiée par le Président de la République. Je connais bien la Corse et j’aime la Corse. Je sais qu’il y a des spécificités dont il faut tenir compte, qu’il y a des handicaps particuliers et qu’il faut aider les Corses à les surmonter. D’ailleurs sur beaucoup de ces handicaps, ils y sont arrivés. Le président de la République a défini très clairement un cadre dans lequel je m’inscris, mais si je viens ici, c’est pour dialoguer, écouter et construire avec les Corses les meilleures solutions économiques pour l’île. Croyez-bien que toute idée qui consisterait à dire que nous allons imposer d’en haut aux territoires corses des solutions toutes faites, ce n’est pas du tout ma méthode ! Je connais suffisamment la Corse et les Corses pour savoir que ça ne marchera pas ! En revanche, ma méthode, consistant à venir écouter ceux qui sont sur le terrain et se coltinent toutes les difficultés qui s’accumulent sur un territoire qui, par définition, est isolé et où tout est plus cher, cela marchera !

Propos recueillis par Nicole MARI.
 



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